Poussières
La lumière filtre derrière les persiennes striant les draps de décorations éphémères, laissant dans la chambre, des scintillements qui se fixeront un instant sur les poussières volantes.
A bien y réfléchir, c'est un peu comme elles que je me sens.
Réfléchir, penser, dormir, rêver.
Nous sommes un samedi du mois d'août. Un samedi italien où le voisin couvre de sa voix puissante, les coups acharnés qu'il décoche sur son ancien carrelage.
...l'italien chantant n'est pas un mythe.
De même que tous les autres bruits de la rue: mobylettes pétaradantes, klaxons intempestifs, sonneries de portables infantiles accompagnant à merveille les cris des enfants de la rue.
Je me lève et regarde un instant à travers les persiennes.
...ces petites filles deviendront de belles femmes élancées à la voix rauque, éraillée...vestiges de l'enfance certainement. Puis, à la quarantaine, elle seront ces femmes plantureuses qui se parlent maintenant par la fenêtre. Peu à peu elles s'asseyeront sur ce banc, là en bas, comme cette matrone au tablier intégré, surveillant d'un oeil la cuisson d'un plat aux saveurs ensoleillées et de l'autre, les jeux et sages bêtises des petits.
Je me recouche sous les étoiles de lumière. La chaleur est accablante.
Ma mamma personnelle est en bas. A n'en pas douter, elle se charge de concocter un plat qui me remplumera. Je goûte et déguste mon farniente.
Le fils de la mamma est là aussi. Un ancien macho repenti mais au tablier désintrégré depuis qu'on est plus ensemble. L'essentiel reste : l'amitié et notre fille.
En l'espace de deux jours seulement, je suis devenue RIEN. Comme une de ces poussière qui volète, pas plus utile et même pas décorative puisque absolument personne ne peut profiter de me voir ainsi, si légère, désengagée de tout ce qui me semble si important la plupart du temps. Dommage car à mon goût, je dois être beaucoup moins pénible ainsi.
Le temps s'étire en ce samedi alors qu'habituellement il s'évapore à la vitesse d'une image subliminale. Malgré le fait que je me sente bien, je commence à m'ennuyer, mon corps réclame un corps à corps, mes yeux, de nouveaux paysages, mon esprit, des découvertes. Je pars à Vienne demain, ça tombe bien, sauf pour mon corps, qui attendra, car un amant en vacances, c'est comme un suspens auquel on ne livrerait pas la fin et moi j'aime bien aller jusqu'au bout de ce que je fais.
Comme je l'ai fait ici. J'arrête ce blog.
Merci à tous. Je viendrai vous lire avec plaisir à l'occasion.