Con d'or
J'ai vendu mon or. C'est pas volé. Je l'ai fait par principe après avoir vu un reportage sur les conditions des travailleurs et aussi pour l'argent. C'est sûr, ça vaut le coup ces temps surtout quand on est pas porteur de bijoux et pas sentimental pour un sou alors, cadeaux, alliance, tout y est passé. Le prochain qui m'offrira ce genre de cadeaux empoisonnés n'est pas encore né. Tant mieux, ça me fera dans les quatre-vingts printemps et pour lui quarante, il pensera alors plutôt à m'offrir un lifting.
Eh oui, ce reportage sur la filière de l'or...
Il n'est pas brillant de constater à quel point encore aujourd'hui, à l'heure de la morale pour des achats éthiques, personne ne s'inquiète plus que cela des conditions inhumaines et dangereuses dans lesquelles sont exposés ces travailleurs : exploitation, intoxication, prostitution. Je passe le chapître déforestation, rivières infectées au mercure, etc. Ce qui m'indispose le plus finalement ce sont ces fonderies, bijoutiers, banquiers qui ne se posent pas de questions alors que moi oui.
Chacun son domaine non ?
On ne peut pas comparer mais c'est, à mon niveau, comme si j'épilais mes chats pour en faire des manteaux que je vendrais ensuite. Bon, je pense que ça me rapporterai moins d'argent mais pourquoi je ne le fais pas ? Parce que c'est de la maltraitance.
Morale : le style c'est comme l'ongle : il est plus facile de l'avoir brillant que propre. E. D'Ors Y Rovira
En y réfléchissant, je me dis qu'en récoltant l'argent de la vente de mon or c'est comme si j'avais vendu mes pelures de chats alors que faire sinon clore ce billet à la morale élastique.